Sa technique

LA PEINTURE – LE STYLE – LA TECHNIQUE

La peinture
Avant d’être peintre, HAMSI Boubeker a été musicien et chanteur. Il chantait en kabyle et mélangeait les
instruments traditionnels et modernes dans un ensemble de sonorités d’horizons très différents.
Ces chants d’inspiration traditionnelle ont en souvenir les chants des femmes de son enfance.

Ce sont elles aussi qui vont l’amener à peindre à partir de 1988. HAMSI Boubeker décide de coucher sur papier les jolis contes kabyles que lui racontait sa grand-mère et décide de les illustrer lui-même. Il s’ensuit la publication d’un des contes de Kabylie chez Casterman et le début d’une carrière de peintre.

Ce sont en effet les femmes de Kabylie qui ont donné à HAMSI le goût de la peinture. Même s’il n’y a pas de tradition de peinture de chevalet dans la culture kabyle et que le mot « art » n’existe pas, la peinture décorative est omniprésente. Les femmes décorent les poteries de motifs qui remontent parfois aux temps préhistoriques et qui ont été transmis de mère en fille.
Ces motifs géométriques et graphiques, que l’on retrouve aussi sur les murs des maisons ou sur les tapis, peuvent exprimer des croyances, éloigner le mauvais œil ou simplement servir de moyen de communication entre elles.

Même si les femmes de Kabylie ont ainsi véhiculé leur culture à travers les siècles, l’industrialisation, le remplacement des objets traditionnels en terre cuite par des objets en plastique, la désertion des villages par les jeunes, plongent, petit à petit, cette culture ancestrale dans l’oubli.

Lutter contre l’oubli de sa culture, faire connaître l’art de ces femmes kabyles mais surtout exprimer toute sa tendresse et son attachement aux couleurs, aux formes de son passé, c’est ce qui pousse HAMSI Boubeker à peindre.

Si la peinture d’HAMSI Boubeker est d’esprit essentiellement kabyle, elle ne se réfère pas aux objets, aux motifs, aux traditions kabyles de manière descriptive et encyclopédique. Ainsi, les costumes ou les bijoux que portent les femmes dans ses gouaches diffèrent parfois des costumes ou des bijoux kabyles traditionnels.

HAMSI Boubeker prend des libertés vis-à-vis de ces motifs, et même si le détail semble primordial dans ses gouaches, c’est l’idée globale d’une région, d’un mode de vie qu’il nous communique. Il ne se réfère pas aux livres, ne prend pas de notes pour nous rendre des images photographiques mais se fie à son souvenir, à la spontanéité de sa peinture pour nous émouvoir.

Quelques phases dans la création
Chronologie de la réalisation de l’œuvre « Le Grand village »- Acrylique sur toile (70×90)

Son style et sa technique
Cette peinture à la fois naïve et pleine de charme prend forme au gré de l’imagination de l’artiste qui n’a pas d’idée préconçue de l’œuvre terminée mais qui « se laisse aller » dans son passé, sans balise, sans retenue.

Ce peintre, entièrement autodidacte, nous ouvre une fenêtre sur son enfance, nous fait partager son admiration pour la femme de Kabylie dans une technique simple et directe. Il trace d’abord au crayon les contours des silhouettes puis il les repasse à l’encre de Chine. Il met ensuite en couleur (travaillant à l’économie, il colorie d’abord tous les éléments d’une même couleur). Ensuite, il repasse à nouveau sur l’encre de Chine pour accentuer le graphisme. Il utilise de l’acrylique ou de la gouache sortie du pot, sans la mélanger et l’étale en à-plats de couleur sans aucun modelé. Ce sont des séries de petites taches de couleurs qui révèlent tantôt un visage, tantôt un fruit ou une jarre. Les couleurs vives − qui sont celles des robes et des bijoux en métal cloisonné décorés de corail − se répondent et font vibrer la surface du papier.

Certains schémas de composition sont répétés, un peu comme dans les scènes flamandes ; les scènes qui comprennent de nombreux personnages se déroulent dans un même plan au sein de l’œuvre, Ces scènes sont pourtant d’une variété extraordinaire, et parmi les femmes qui s’activent à leur travail, certaines rient, d’autres discutent, on peut voir des arbres bleus, de l’herbe jaune, des oiseaux oranges…
Cet univers presque onirique semble paradoxal quand on pense aux conditions de vie difficiles des
paysannes de Kabylie. Pourtant, les couleurs chaudes de leurs robes, leurs grands yeux rieurs, les arbres gorgés de fruits, les figues de barbarie en abondance nous font croire à un petit paradis terrestre comme il n’en n’existe que dans l’imagination des enfants. HAMSI Boubeker fait preuve de beaucoup d’originalité dans le choix de ses supports. S’il peint généralement sur papier ou sur toile, il décore aussi des objets usuels comme des calebasses, des miroirs, des assiettes, un peu à la manière des potières kabyles.

Sa peinture est un mélange de décors géométriques inspirés de la tradition et de représentation « réaliste et naïve » de personnages. Les personnages ont des gestes un peu schématiques, et leur position est le plus souvent strictement frontale, mais leur activité est décrite avec minutie. La spontanéité prend la place de la maîtrise technique d’une peinture académiquement parfaite.